Cher Patrick,

En allant hier soir à Arras pour une réunion sur le terrain avec les clubs, j’ai découvert le courrier que tu as envoyé à tous les dirigeants du rugby français.

J’ai été surpris par la violence du ton et, étonné de constater que mon prénom avait disparu et que tu ne m’appelais dorénavant plus que « GRILL », de manière très impersonnelle alors que nos relations avaient toujours été cordiales jusqu’alors.

En souriant, j’ai dit à un dirigeant de club qui m’interrogeait hier soir sur le sujet, s’étonnant de la brutalité de ton courrier, que la dernière fois qu’on m’avait appelé GRILL c’était en minimes.

A bien y réfléchir je me suis trompé. La dernière fois remonte à la campagne de 2020 où Bernard Laporte m’avait attaqué en déclarant dans le journal le Bien Public : « GRILL on s’en fout, y a que sa mère qui le connaît ». A l’époque, reconnaissons-le, j’avais trouvé cela peu respectueux et assez éloigné de l’image que je me faisais du rugby. Mais finalement j’avais pris cela avec distance grâce à des copains du rugby qui avaient aussitôt lancé un hashtag bien dans l’esprit ovale « #JeConnaisFlorianGrillEtJeNeSuisPasSaMère ».

Le rugby est quand même plus sympa quand on a le sourire.

Mais revenons à ton courrier. Si je m’attendais à ce type d’interpellation venant de Serge Simon qui ne m’a jamais ménagé, j’ai été surpris d’y voir ta signature. Sérieusement est-ce vraiment toi qui a rédigé ce violent pamphlet ? et as-tu vraiment accepté de le signer si c’est Serge qui l’a écrit? Je t’avoue m’être frotté deux fois les yeux en voyant ta signature au terme d’une attaque de 4 pages sans finesse.

Le courrier commence plutôt bien puisque l’objet parle de « sérénité pour notre Fédération », et ta longue lettre s’ouvre par un « cher dirigeant, je vous écris sincèrement aujourd’hui.. ».

Outre le fait que la sincérité ne devrait pas être l’affaire d’un jour ou d’une lettre, mais l’affaire d’une vie, laisse-moi m’étonner du déluge de feu qui suit ! Il est loin de l’apaisement et l’union que tu appelais de tes vœux avant les résultats du premier tour. Plus question d’union et d’apaisement avec le second tour. Tu lâches les coups. Sincérité ou fébrilité ?

Dans ton courrier je ne suis donc plus « Florian » que pourtant tu connais et que tu tutoyais il y a peu, mais « GRILL ». Mais surtout tu me couvres de tous les maux m’accusant tour à tour de « diaboliser », de « manipuler » et « d’attaquer les personnes ». J’y deviens un « chef de parti », tu parles de ma présupposée « soif de pouvoir ». Comme petit fils et fils de vignerons et vigneronnes, j’avoue qu’il m’arrive d’avoir soif, faim très souvent, il faut bien le reconnaître, mais ce sont les belles bouteilles qui m’attirent et surtout la convivialité qui va avec.

Je sais que tu es très pris par les visioconférences que tu organises ces jours-ci à distance, mais si tu le souhaites je t’accueille volontiers à l’une de mes réunions sur le terrain, qu’au passage nous finançons nous même, sans les moyens ou les équipes fédérales, et pour lesquelles nous invitons les clubs sans jamais utiliser les adresses mails de la FFR (dans le respect du code électoral).

Les prochaines réunions sont à Elven ce soir dans le Morbihan puis à Dax mercredi, à Albi jeudi et à Illkirch vendredi. Peut-être pourrions-nous débattre tous les deux du fond, de nos programmes et de nos idées pour l’avenir du rugby français, de nos clubs et surtout de nos bénévoles?

Si tu viens à l’une des réunions, tu constateras, comme ont pu le constater les centaines de clubs et bénévoles que je rencontre chaque année sur le terrain, qu’il y ait ou non une campagne, que je n’attaque pas les personnes mais bien les idées et surtout que je ne parle pas de vous, ni de toi j’en suis désolé, mais de notre programme.

De la Régionale 4 qu’il convient de créer, de la proximité qu’il faut retrouver dans les grandes ligues, des indemnités kilométriques qu’il faut revoir pour les phases finales, des titres de champions de France ou de champions de territoires qui sont des graals à relancer, de l’augmentation des cotisations assurance de +34% etc…

Outre le rugby territorial qui est ma priorité, je parle aussi de sujets nationaux ou internationaux d’importance : de l’avenir du Stade de France, du devenir du contrat avec le fonds d’investissement luxembourgeois CVC à qui vous avez vendu 15% du tournoi des 6 Nations, de la question des commotions, de la santé des pratiquants,, des enjeux RSE auquel le rugby est confronté demain ou de notre représentation à World Rugby (est-il vrai que Serge Simon, sans validation du Comité directeur pourrait candidater au board de World Rugby alors même que le Comité éthique a déconseillé sa candidature pour le poste de président délégué en France ?) etc..

Du 12 au 14 juin les clubs vont voter. Que tu le veuilles ou non, il nous faudra respecter le résultat des urnes. C’est tout simplement le fondement même de la démocratie et à 3 mois d’une Coupe du Monde en France, personne ne comprendrait que vous bloquiez le rugby si nous devions l’emporter. Au fond de toi, je suis sûr que tu le sais. Pour ma part en tout cas, et comme toujours, je respecterai le verdict des urnes et je soutiendrai nos bleus, dans l’unité qui s’impose.

En ce qui me concerne quel que soit le résultat, sache, cher Patrick, que je compte bien continuer à t’appeler par ton prénom et par boire un verre avec toi, car, au rugby, le respect se concrétise aussi à la troisième mi-temps. Je souhaite qu’elle soit longue et belle et que nous soyons côte à côte pour fêter la victoire de nos bleus en Coupe du Monde.

Et pour finir par un sourire, j’espère juste que tu me reconnaitras si je signe par mon prénom 😉

Bien à toi,

Florian

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