Pas de haut niveau durable sans rugby de la base durable

Les équipes de France vivent aujourd’hui un moment de grâce. Et les supporters que nous sommes aussi au moment où se profile un grand chelem pour les féminines. 

Chez les hommes, c’est d’abord le fait d’une génération de joueurs exceptionnels, admirés dans le monde entier. Des joueurs qui, contrairement à leurs prédécesseurs, ont eu la chance de profiter d’une réforme initiée par la LNR il y a plusieurs années qui a progressivement imposé 16 joueurs issus de la formation française (JIFF) sur les feuilles de match.  

Ces joueurs, ces joueuses, doivent aussi leur rang à la vitalité et au travail des clubs amateurs qui ont su les accueillir en leurs vertes années, puis les développer grâce à la qualité d’un système de formation sans égal articulé autour des cadres techniques des clubs, des Ligues et des Comités départementaux qui les ont accompagnés tout au long de leur évolution.  

De quoi voir l’avenir sereinement ? Pas si sûr. 
Paradoxalement, au moment où ces équipes alignent des victoires et des matches hors normes il y a de quoi s’inquiéter parce que le rugby français vit aujourd’hui un moment de bascule.  

Depuis 5 ans, après avoir moqué et transformé ce système de formation pourtant prolifique en titre de champions du monde des moins de 20 ans (avec deux titres offerts sur un plateau au lendemain de la première élection de Bernard Laporte), la gouvernance actuelle de la FFR s’attaque méthodiquement et en silence à l’existence même des clubs amateurs et à leur raison d’être. 

De nouvelles règles, introduites peu à peu, sans débat contradictoire et sans consultation des clubs eux-mêmes, les conduisent bien souvent à concentrer toute leur attention et tous leurs moyens sur la seule équipe fanion, au détriment des équipes de jeunes, cadets, cadettes, ou juniors qui forment pourtant les pépites de demain. 

Là où il faudrait valoriser le club formateur, celui qui investit sur la base (école de rugby, équipe cadets, cadettes, juniors…), on soutient le « club champignon » qui mise tout sur son équipe première en créant des règlements qui l’y incitent. Un club peut monter en fédérale une en ayant un seul cadet et un seul junior dans une équipe de rassemblement.Dans quel objectif ? Accéder à l’un de ces championnats professionnels nouvellement créés qui happent le peu de ressources dont disposent les économies régionales pour un rugby qui n’a plus les moyens d’investir sur ses fondations et sur la formation. 

Le résultat de cette politique de gribouille est alarmant. La baisse du nombre de joueurs cadets ou juniors n’a jamais été aussi forte. Baisse aussi du nombre d’équipes réserves où ces jeunes peuvent poursuivre leur formation. Baisse enfin du nombre d’équipes dans les clubs de proximité accessibles en région pour les former. 

Alors que le maillage géographique est bien sûr essentiel à la détection des talents, les regroupements à l’infini, auxquels les clubs sont de plus en plus contraints, sont une machine à perdre des licenciés. Pour les féminines c’est particulièrement dramatique quand on sait que la proximité est le premier levier de la pratique. 

Une politique de gribouille qui n’a d’yeux que pour la financiarisation du rugby à tous les étages. Une politique qui n’a non seulement pas permis de faire naître cette splendide génération de joueuses et de joueurs hors norme mais qui en casse délibérément les fondements. Une politique tellement risquée pour un avenir tellement peu assuré qu’elle conduit les principaux dirigeants de la FFR à renoncer prématurément à leurs responsabilités. Au lendemain d’un grand Chelem grandiose pour notre équipe masculine et au moment où les féminines peuvent y prétendre, le vice-président officialise l’abandon de ses responsabilités et de ses engagements, et les couloirs de Marcoussis bruissent d’une reconversion anticipée du Président de la FFR. Un an et demi après son élection. Un an avant la coupe du monde. 

Peur de l’avenir ? Peur des défis à relever ? En panne d’idée pour empêcher l’érosion rapide des jeunes dans nos clubs ? 
Plus que jamais notre rugby a besoin d’une reprise en main par la base. C’est l’objet des échanges que nous menons sur le terrain, avec les bénévoles, partout en France. Les priorités sont claires :  

  • Protéger et valoriser nos bénévoles, véritable colonne vertébrale de nos Clubs, sans qui ce sport ne pourrait exister 
  • Garantir le maillage géographique des clubs sur tout le territoire pour permettre une pratique de proximité pour les filles comme pour les garçons, 
  • Investir massivement pour développer le rugby dans le monde scolaire et universitaire dont nous avons progressivement disparu par absence de moyens alors que c’est le cœur de la stratégie 
  • Valoriser les clubs qui forment les éducatrices et éducateurs, joueuses et joueurs, plus que les Clubs qui misent tous sur leur équipe fanion. 
  • Relancer l’arbitrage alors que les chiffres effraient sur la capacité la saison prochaine à couvrir les rencontres 
  • Relancer les sélections régionales et départementales pour offrir des aventures humaines à nos jeunes 
  • Offrir des titres de champions de France à tous les niveaux qui sont autant de souvenirs pour la vie 
  • Relancer les boucliers territoriaux comme c’est maintenant le cas en AURA avec le retour tant attendu du bouclier Auvergne ou de celui des Alpes ! 
  • Offrir à tous nos licenciés les solutions de pratiques qui correspondent le mieux à leurs aspirations (Loisirs, compétitions, Elite, Plaisir, Santé, …) 

Les solutions existent et les équipes Ovale Ensemble sont prêtes avec 300 bénévoles et une quinzaine de groupes de travail qui se préparent sur tous les sujets scolaire, rugby à 5, rugby à 7, compétitions, rugby loisir, pratique féminine etc… 

L’avenir appartient à ceux qui ont une vraie vocation ! 

Florian Grill 
Président Ovale Ensemble 

Laissez un commentaire