C’était donc la première réunion du Comité directeur sous l’ère de notre nouveau « président par intérim ». Un comité directeur et un « président » considérés comme illégitimes par Ovale Ensemble puisqu’il a sciemment jeté à la poubelle le résultat d’un référendum où la majorité des clubs ont demandé des élections générales en 6 semaines.

Selon mon habitude et puisque je continue à siéger au Comité directeur en tant que Président de Ligue, j’en fais mon propre compte rendu, avec les commentaires qu’on ne trouve pas dans le PV ou le relevé de décisions.

1 – UNE JOURNÉE PLACÉE SOUS LE SIGNE DE L’AMOUR 

La journée, placée sous le signe de l’amour avec la St Valentin, avait bien démarré puisque tous les licenciés de la FFR avaient reçu une lettre de Christian Dullin, très satisfait de rappeler à tout le monde que, conformément à ce qu’il avait déjà dit, il convenait que « tous les licenciés adoptent un comportement conforme aux valeurs du rugby ».

Sincèrement on avait un peu envie de se pincer pour ne pas sourire à la lecture quand on sait la nécessité de l’exemplarité.

Comment suivre les recommandations sur les « valeurs », quand :

  • un Comité directeur est en situation de complicité d’abus de confiance et de détournement de fonds publics avec des frais d’avocats pour des dirigeants liés à diverses affaires judiciaires, toujours non remboursés ?
  • un « président par intérim », anciennement trésorier, n’a toujours pas donné le montant de ces frais d’avocats depuis 2017 alors qu’il s’y est formellement engagé en Assemblée générale financière il y a 2 mois et demi ?
  • cette gouvernance tente de faire croire qu’il n’y a aucun préjudice pour la FFR et notre sport suite aux affaires, alors que préjudice il y a et se chiffre en millions d’euros tant notre image est malmenée en France comme à l’international ?
  • la FFR, contrairement à la LNR, ne s’est toujours pas constituée partie civile dans le procès en appel ?
  • Ou quand elle dit se moquer de l’avis de la Ministre des Sports alors qu’une Coupe du Monde s’organise sur notre territoire pour laquelle la collaboration de l’État est indispensable ?…. Oui on se pince.

Mais bon, plus rien ne nous étonne, et revenons-en au Comité directeur. Que retenir ?

2 – LES DÉMISSIONS DE RENÉ BOUSCATEL ET DIDIER LACROIX (LNR) SONT CONFIRMÉES  

Elles étaient annoncées par voie de presse, elles ont été formellement confirmées par courrier.

Au début du Comité directeur n’étaient présents que 23 élus.

3 – INTRODUCTION DU PRÉSIDENT PAR INTÉRIM  

Alexandre Martinez, notre nouveau président, sans légitimité par les urnes, a d’abord demandé de l’indulgence pour son premier Comité directeur.

Après être vite passé sur les défaites de l’Equipe de France et des U20 face à l’Irlande, il a confirmé l’absence de matchs au Stade de France en 2024 avec les travaux liés aux Jeux Olympiques et paralympiques. Un sujet qu’il faudra vite analyser pour en mesurer l’impact financier avec la perte en billetterie.

Après diverses informations standard, il a surtout annoncé le début des travaux au Stade Raoul Montbrand à Pantin, un projet à 60 millions d’euros … On ne sait toujours pas à qui il va servir : la presse nous avait annoncé que le Stade Français, auquel la FFR souhaitait le louer   avait refusé cette proposition.

Nous n’avons toujours pas compris pourquoi la FFR aurait besoin d’investir 60 M€ si c’est pour in fine louer la structure à un club professionnel.

4 – UNE AUGMENTATION DES LICENCIÉS EN TROMPE L’ŒIL  

La FFR se glorifie d’une augmentation des licenciés de +7,97%. Qu’en dire :

  • D’abord qu’en année Coupe du Monde il est bien normal de constater une augmentation. Mais surtout que la situation des clubs est plus sombre : une grande partie de la croissance provient du baby rugby, du rugby à 5 ou du féminin qui sont positifs mais masquent les difficultés existantes par ailleurs.
  • La réalité est que beaucoup de clubs souffrent :
    • d’un problème majeur en cadets et juniors
    • d’un manque de bénévoles
    • de la disparition progressive des réserves dans le rugby territorial
    • du manque d’arbitres
    • d’une présence beaucoup moins régulière des joueuses et joueurs qui ont une licence mais qui ne viennent que de manière épisodique…

Et même dans la pratique féminine pour laquelle la croissance est au rendez-vous, la crise est réelle. En Elite 1, le plus haut niveau féminin, des équipes font carrément forfait ! C’est la conséquence directe d’un championnat totalement déstructuré qui ne dure que 3 mois avec d’énormes écarts de niveau facilités par la suppression des indemnités de formation et la concentration des meilleures féminines dans 3 ou 4 clubs qui écrasent tout.

L’urgence n’est pas de se glorifier de ces chiffres, mais d’agir…enfin.

La suppression des titres de champions de France et avant eux des boucliers régionaux, la baisse des remboursements pour les phases finales, la suppression par la FFR des subventions pour le scolaire reportée sur les Ligues, les moyens dérisoires accordés au développement du rugby sont les vrais sujets…

5 – UN COMITÉ MARQUÉ PAR DES NOMINATIONS TRÈS POLITIQUES…   

Alexandre Martinez a ensuite annoncé quelques nominations :

  • Celle de Sébastien Carrez, nommé « président délégué » par le « président par intérim ».
  • Dominique Coquelet nommé Secrétaire général adjoint
  • Joël Tomakplekonou nommé Trésorier général adjoint
  • Virginie Deprince nommée au bureau fédéral.

A noter Joël Tomakplekonou se voit confier l’audit du GIP France 2023. On espère que cette fois les comptes seront suivis… Pour mémoire dans ses premières déclarations, Claude Atcher avait annoncé un résultat de 200 millions d’euros. Il semble qu’on table plutôt sur 40 millions aujourd’hui soit peu ou prou le résultat de la Coupe du Monde 2007 alors que le chiffre d’affaires a été multiplié par 3… !!!

Bref, tout le monde semblait en tout cas très heureux de se voir récompensé comme aux plus beaux jours de « l’école des fans » où tout le monde était gagnant.

6 – À PEINE NOMMÉS DÉJÀ RÉTROGRADÉS, AVEC LA CRÉATION DU GLAÇANT « BFRE »!  

La politique a ceci d’exceptionnel que la réalité est parfois un peu différente de la fiction. Là ce fut du grand art, puisque les nominations furent accompagnées de la création d’une nouvelle instance, au-dessus du bureau fédéral : le « BFRE » ou Bureau Fédéral Restreint Exécutif.

Voilà pour calmer les ardeurs et glacer les âmes. Car on comprend vite que c’est lui et non le bureau fédéral, ni même le Comité directeur, qui dirigera dorénavant la FFR.

Ce nouveau « super Bureau Fédéral » voit donc disparaître de ses rangs 7 membres :

  • Alain Doucet
  • Laetitia Pachoud
  • Dominique Coquelet
  • Joel Tomakplekonou
  • Antoine Martinez
  • Etuato Mulikihaamea
  • Marie Agnès Masdieu

Mais aussi 5 autres membres jusqu’ici invités qui ne siègeront pas dans le nouvel organe suprême qu’est le BFRE :

  • Franck Maciello
  • Roger Salamon
  • Jean Michel Arazo
  • Roland Labarthe
  • Jean Simon Savelli

Que personne ne s’y trompe, le vrai pouvoir sera donc dans les mains d’Alexandre Martinez, Sébastien Carrez, Serge Simon, Christian Dullin, Marie Pierre Pagès, Brigitte Jugla, Patrick Buisson, Henri Mondino accompagnés de Laurent Gabbanini le DG et du DTN.

7 – UNE REPRÉSENTATION DANS LES INSTANCES INTERNATIONALES QUI INTERPELLE  

Rappelons que nos représentants étaient jusqu’ici Bernard Laporte et Claude Atcher.

Après une longue période de vacances nous avons donc maintenant comme représentants :

  • Pour World Rugby : Alexandre Martinez rejoint Brigitte Jugla et Serge Simon
  • Pour les 6 Nations : Alexandre Martinez et Serge Simon remplacent Bernard Laporte et Claude Atcher
  • Pour le Board des 6 Nations c’est Laurent Gabbanini, Directeur général non élu qui nous représentera.

8 – UN PROBLÈME A VITE RÉGLER AVEC LE SCRUM POUR NE PAS DÉSAVANTAGER NOS BLEUS !  

De quoi s’agit-il ? le SCRUM est le Specialized Concussion RUgby Management. Pour faire simple un outil sur smartphone géré par World Rugby. Ce système est devenu obligatoire pour les médecins de matchs de la Coupe d’Europe et de la Coupe du Monde.

La France est le seul pays au monde à ne pas utiliser le SCRUM et s’est vue menacée par mail de World Rugby du 3 juin 2021 (donc il y a un peu plus d’un an et demi) de se voir retirer la possibilité d’utiliser le protocole commotion. La conséquence n’est pas neutre puisqu’un joueur ne pourrait plus revenir sur le terrain, même après un test concluant.

Bref il y a urgence car si l’on comprend l’enjeu légitime du respect de la RGPD et de la loi informatique et liberté, il ne faudrait pas que l’Equipe de France ou les équipes françaises en coupe d’Europe aient un désavantage face à leurs concurrents. Quand on entend que la priorité est de protéger l’équipe de France, on croit rêver !

9 – QUAND MÊME QUELQUES BONNES NOUVELLES  

On passe de 2 à 14 médailles d’or distribuées par la FFR soit une par Ligue.  

La gratuité des licences est annoncée pour les EDR à compter du 1er avril  

10 – L’ACHAT DE 8 268 BILLETS COUPE DU MONDE POUR 2,24 MILLIONS D’EUROS  

La FFR s’est portée acquéreur de 8.268 billets pour un montant supérieur à 2 millions d’euros. Ces billets pourront être revendus à prix coûtant à ses élus, ses partenaires, des institutionnels, des membres du groupe France, ainsi qu’aux Ligues régionales pour quelques matchs sur leurs territoires

Ainsi va la vie du Comité directeur de la FFR qui fonctionne dans l’entre soi après avoir fait voter les clubs pour RIEN. Le voilà qui se distribue les places et les rôles visiblement très fier de son action.


En ce qui nous concerne, nous avons pris la décision de modérer notre prise de parole publique pour préserver nos bleus pendant le Tournoi et la Coupe du Monde. C’est notre sens des responsabilités.

Cela ne nous empêche pas de continuer à défendre les clubs en Comité directeur et de rester ultra combatifs en interne avec ces comptes rendus pour dire notre lecture et la faire connaître et partager à tous les clubs.


Plus que jamais FORZA.   

Florian Grill
Président Ovale Ensemble

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