Selon mon habitude et parce que le « relevé de décisions » de la FFR envoyé à tous les clubs ne mentionne aucune de nos interventions, je donne mon éclairage sur le Comité directeur FFR. Il est forcément subjectif mais il a le mérite d’équilibrer une information partielle et de compléter avec les interventions du collectif Ovale Ensemble le fameux « relevé de décisions » qui nous bâillonne.

1 – ACCUEIL DE BERNARD LAPORTE

Après l’accueil de Bernard Laporte, Sylvain Deroeux au nom du collectif Ovale Ensemble, s’est étonné que les questions que nous avions pourtant envoyé dans les délais, ne figurent pas à l’ordre du jour du Comité directeur. Le fait pour la FFR de nous envoyer des réponses par écrit dérogeant selon nous au principe du débat dont le Comité directeur a été privé. Il restera à vérifier que les questions soient bien au PV.

2 – COMMISSIONS THÉMATIQUES

En tant que Président de la Ligue Ile de France et élu du Comité directeur, j’ai demandé que Véronique Dubois Vincent (Ligue Ile de France) puisse rester dans la Commission électorale et de validation des pouvoirs dans laquelle elle ne figure plus, que Peter Macnaughton (Ligue Ile de France) puisse lui aussi rester dans la commission des Territoires et que Thierry Alliesse puisse rejoindre la commission du Rugby à 5 dont il est le responsable francilien sachant que l’Ile de France est moteur sur le rugby à 5 et la première ligue en effectifs.

Il m’a été demandé de faire une demande écrite à ce sujet envoyée dès le lendemain. Nous attendons donc la décision fédérale pour voir si ces personnes sont intégrées ou ré-intégrées.

Jean-Marc Lhermet a également demandé que tous les élus du Comité directeur puissent avoir les codes d’accès pour consulter les rapports des commissions.

3 – SERGE SIMON PAS ENCORE PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ

L’Assemblée générale avait validé la création d’un poste de Président délégué. On s’attendait donc à ce que cette réunion du Comité directeur en désigne un.

Voyant que le sujet n’était pas abordé, j’ai donc posé la question de savoir si la désignation d’une personne au poste de Président délégué serait bien validée par le Comité directeur, conformément à nos statuts, avant d’être effective.

C’est bien le cas, mais Bernard Laporte n’aurait pas encore décidé. Un point assez étonnant quand on sait que le nom de Serge Simon à ce poste à déjà circulé dans des organigrammes.

Comme chacun le sait j’ai dénoncé le fait que voter Bernard Laporte revenait à élire Serge Simon.

En pleine crise sanitaire et économique, la gouvernance de la FFR sentant la mauvaise humeur des clubs sur le sujet, a peut-être décidé de sursoir. Suite au prochain épisode.

4 – VALIDATION DE L’ENTRÉE DE CVC AVEC UN ENGAGEMENT SUR 50 ANS LEUR AUTORISANT UNE SORTIE EN BOURSE… SANS ACCEPTATION DE NOTRE DEMANDE D’UN REFÉRENDUM DES CLUBS.

L’entrée de CVC a été votée en dépit de nos inquiétudes.

Eric Champ s’est d’abord étonné sur un dossier de cette importance que ce ne soit pas un élu du Comité directeur mais Claude Atcher qui soit aux commandes de la négociation.

De nombreuses interventions, dont celle de Paul Goze pour la LNR, ont regretté l’envoi de 200 pages de contrat aux membres du Comité directeur, qui mentionnent une myriade de sociétés, dont certaines à Jersey, sans le moindre schéma explicatif ou guide de lecture…

Chacun doit bien comprendre l’enjeu stratégique de ce dossier : le rugby français s’est engagé pour 50 ans… Le vote a aussi pré-validé une possible introduction en bourse permettant à CVC de réaliser son investissement…

Pour ma part, le diable étant dans les détails, j’ai souligné 3 points clés à la lecture des 200 pages de contrats…

  • J’ai mentionné mon inquiétude sur les risques fiscaux au point que l’opération prévoit que les fédérations soient contraintes de prendre une assurance en la matière, dont le coût est partagé à 50/50 avec CVC
  • Je me suis inquiété de voir que nous acceptions pour CVC une introduction en bourse d’une structure dans laquelle on trouve aussi leurs autres investissements rugby parmi lesquels le Premiership, la Pro14, l’EPCR ce qui exercera une immense pression sur le championnat français du Top 14
  • Je me suis étonné que CVC, dont on nous avait expliqué que « ce n’était qu’une régie commerciale qui n’aurait aucun impact sur le sportif », ait maintenant un droit de véto sur l’adhésion d’une fédération aux 6 Nations…

Au regard de l’importance historique de la décision qui engage la FFR bien au-delà de son mandat (50 ans !!), j’ai demandé, au nom du collectif Ovale Ensemble, qu’un référendum des clubs soit organisé et que nous puissions avoir un débat contradictoire avec la Ministre des Sports pour donner notre éclairage.

Bernard Laporte a refusé que les clubs soient consultés, arguant que le Comité directeur pouvait trancher.

Sylvain Deroeux, pour le collectif Ovale Ensemble, s’est au passage étonné de l’insistance mise par la FFR à demander totale confidentialité sur les échanges et les documents s’agissant de CVC. Il a demandé si cela n’était pas contradictoire avec les statuts de la FFR qui supposent qu’un membre du Comité directeur soit en droit d’informer les clubs… Il s’est aussi inquiété de l’optimisme dans les projections qui prévoient un quasi doublement des droits à 10 ans rejoint en cela par les représentants de la LNR.

Jean Marc Lhermet a pour sa part souligné la disproportion dans la répartition des droits qui donne la part belle aux anglais avec un grand déséquilibre en notre défaveur.

En dépit de toutes ces remarques, l’entrée de CVC a été validée avec 73% de voix POUR par les membres du Comité directeur de la FFR.

Certains se féliciteront de l’apport d’argent frais à court terme qui comblera les déficits…. Pour ma part, je ne suis vraiment pas convaincu que cette financiarisation à l’infini du rugby soit une bonne nouvelle. Je doute que cela aille dans le sens de la santé des pratiquants et je crains une mainmise des enjeux commerciaux sur les questions sportives et humaines.

L’histoire jugera.

5 – ACCORD FFR LNR SUR LA MISE À DISPOSITION DES INTERNATIONAUX

Sur ce point Jean-Marc Lhermet a souligné que l’annulation du Tournoi des 6 Nations pour les U20 pourrait leur ouvrir des portes et a demandé un point d’avancement su l’avancement d’une base de données mutualisée entre les clubs et le XV de France.

Le second point donnera on l’espère lieu à une autre discussion.

Sur l’accord de mise à disposition, il a été validé à 100% du Comité directeur avec l’adhésion des élus du collectif Ovale Ensemble.

6 – RÉVISION BUDGÉTAIRE

Alexandre Martinez a présenté un budget revu avec une perte annoncée pour la saison 20/21 dans une fourchette comprise entre – 9 et – 16 millions d’euros.

Dans le contexte sanitaire et économique, la perte serait bien sûr beaucoup plus importante sans des restrictions drastiques dont le chômage partiel des CTC et une baisse de 22% des subventions des Ligues régionales qui gèrent en particulier le rugby territorial.

Jean Marc Lhermet est intervenu pour rappeler que le budget avait été voté en juillet dernier à Clermont avec une perte de – 5,6 millions d’euros. Les restrictions n’empêcheront pas la FFR de perdre entre 2 et 3 fois plus…

Nous ne pouvons que regretter que la gouvernance de la FFR ait refusé, à l’époque du budget à Clermont, notre recommandation de présenter une hypothèse haute mais aussi une hypothèse basse. Nous avions souligné qu’il était illusoire dans un contexte de crise économique qui suivait forcément la crise sanitaire de tabler sur un budget « gonflé à l’hélium » prévoyant une croissance de 10 millions d’euros des recettes de billetterie, de droits TV et de partenaires ce qui était irréaliste. La bulle artificielle a explosé et nous sommes conduits à des restrictions qui auraient pu être engagées plus tôt…

J’ai pris ensuite la parole pour demander si la LNR versait bien sa contribution pour le rugby amateur et donc pour les CTC. Ce qui m’a été confirmé.

Dans un budget de plus de 100 millions d’euros l’impact de la mise au chômage partiel des CTC jusqu’en juin 2021 (ce qui est à date le projet de la FFR) représente selon les estimations du collectif Ovale Ensemble une économie de l’ordre de 1,5 à 2 millions d’euros (le trésorier de la FFR n’a pas pu confirmer le chiffre pendant la réunion mais s’est engagé à le transmettre.

Si les conditions sanitaires le permettent (et c’était le cas avant le couvre-feu de 18H00) ou dès qu’elles le permettront à nouveau, il nous semble absolument prioritaire de remettre les CTC à temps plein. Les clubs ont besoin d’accompagnement. Les restrictions sont bien sûr nécessaires et on attend encore à ce titre que Serge Simon baisse sa rémunération pour faire acte d’exemplarité, mais les arbitrages budgétaires devraient être faits différemment.

Oui aux économies mais pas celles qui touchent les clubs. Tout ce qui pourra aider les clubs à redémarrer dans les meilleures conditions doit être une priorité, la présence des CTC sur le terrain est pour Ovale Ensemble la priorité N°1.

Florian Grill
Collectif Ovale Ensemble

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