La remise des médailles FFR aux enfants de l’école de rugby du club de l’Avenir Villefranche XV par Jean-Marc Lhermet a mis en lumière la politique de formation d’un club de Première série. Situé dans l’Ouest de l’Aveyron, l’Avenir Villefranche XV a choisi de se développer selon une politique sociale et sportive articulée autour de la formation du joueur, la convivialité et l’engagement territorial.

Jean-Marc Lhermet, membre du comité directeur de la FFR et vice président de Ovale Ensemble remet les médailles aux enfants de l’école de rugby de l’Avenir Villefranche XV

Un territoire entre traditions et dynamisme

Ici, nous sommes dans le Rouergue limité au nord par l’Auvergne, au sud par le Languedoc, à l’ouest par le Quercy et à l’est par le Gévaudan. Avec une superficie de 8 735 kilomètres carrés, l’Aveyron est le département de la région le plus étendu mais reste peu peuplé avec une moyenne de 32 habitants au kilomètre carré. Villefranche de Rouergue est un des quatre pôles urbains moteur du département de l’Aveyron avec ses 13 000 habitants. Là, l’Avenir Villefranche XV, club de 121 licenciés n’a d’autre solution que de compter sur sa formation pour faire vivre son association.

La labellisation de l’EDR, une étape essentielle

En conséquence, l’obtention du label fédéral en février 2021 montre que le travail des dirigeants et des éducateurs, sous le regard attentif de Hugo Magy, le président, porte leurs fruits. Des hommes et des femmes au sérieux, au savoir-faire et au goût du travail bien fait reconnus conformes à la tradition des gens du Rouergue ont œuvré pour décrocher la première étoile de ce label. Ainsi, ils ont répondu aux très (trop) nombreux critères de la labellisation : éducateurs formés ou en cours de formation, équipements, charte de l’école de rugby, etc… parfois on s’y perd !!

De quoi sans doute alimenter les équipes (en entente) des moins de 16 et moins de 19 ans et pourquoi pas l’équipe féminine moins de 18 ans. Former pour grandir, former pour prendre du plaisir et se retrouver les samedi et dimanche le long de la main-courante à encourager les seniors en 1ère série.

Convivialité, le maître mot

Villefranche de Rouergue est un pôle scolaire qui draine vers lui les enfants des quelques 59 000 habitants du bassin de vie de la Perle. L’offre scolaire avec ses collèges et lycées publics et privés est donc conséquente et offre une opportunité de développement du rugby auprès de ces jeunes. Mais les formations post bac demeurent limitées aux métiers de l’activité agro-alimentaire et de l’agriculture. Pour une bonne partie de ces jeunes, il faut donc migrer vers des villes universitaires telles que Toulouse et parfois changer de club ou arrêter le rugby. A moins que celui-ci ne vous retienne par l’ambiance qu’il cultive. La page Facebook de l’AV XV laisse transpirer toutes les activités organisées par le club où il fait bon vivre et se retrouver. Joueurs et joueuses de toutes conditions socio-professionnelles de tous les âges jouent au rugby, échangent rugby et cultivent l’esprit rugby.

La compétition, la petite saveur dominicale

A ce contexte construit par des hommes et des femmes rompues aux joutes de la vie agricole et industrielle, dans une région reconnue pour son patrimoine historique et gastronomique, sa ruralité profonde, ses traditions mais aussi ses dynamismes touristiques et industrielles, la compétition offre cette petite saveur dominicale sans quoi tout le reste n’aurait aucun sens. Donc, on s’entraîne et on joue pour gagner, et si on perd, la convivialité reprendra le dessus au club house, histoire de ne pas rester sur une amertume et d’affronter la semaine qui arrive sans trop de bleus …à l’âme.

Et pourtant, des perspectives peu réjouissantes

La réforme fédérale des compétitions voulue par la gouvernance actuelle aurait pour l’Avenir Villefranche XV, une triple incidence. Se retrouver dans un championnat regroupant tous les niveaux de séries territoriales, sans tenir compte des disparités physico-sportives pourtant bien réelles entre les clubs, présente un risque pour la sécurité du joueur. La disparition des phases finales du championnat de France, où pouvaient se construire des épopées humaines aux parfums si particuliers qui font l’histoire de tout club amateur, lui ferait perdre une partie de son attractivité. Enfin, la vraisemblable évolution de ces compétitions de séries territoriales vers un rugby loisir, ne serait-elle pas vécue comme une sanction fatale pour un club tel l’Avenir Villefranche XV ? Cette réforme n’irait-elle pas à l’encontre de la volonté du club de cultiver ses racines et de prendre sa part dans le développement du territoire ?

Autant de questions et de préoccupations dont l’AV XV se serait bien passé.

 

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