L’annonce d’une possible entrée de l’Afrique du Sud dans les 6 Nations, ne serait pas une surprise si elle était confirmée, loin de là ! Soutenu par l’actuelle gouvernance de la FFR, le fonds d’investissement CVC Capital Partners, déroule son plan de marche pour rentabiliser son investissement. Peu importe pour la gouvernance FFR, si on piétine le rugby et les amoureux de ce sport, son histoire et ses rites.  

Le tournoi est un moment particulier de l’année pour la sélection comme pour des millions de français et des milliers de supporters qui montent à Paris ou traversent la Manche en quête d’un beau match mais aussi d’une ambiance, de retrouvailles, d’un art de vivre à part. Le Tournoi est la communion du rugby amateur avec ses sélections.  

L’entrée de l’Afrique du Sud, comme celle du Japon, souvent évoquée (pour ne pas dire espérée) par Bernard Laporte et Serge Simon, signerait la fin du Tournoi et officialiserait l’entrée du rugby dans une ère de la financiarisation à outrance, sans ruissellement aucun pour le peuple du rugby, sans respect pour la santé des joueurs, sans respect pour les championnats nationaux. Les bénéfices iraient enrichir CVC et nourrir l’inévitable inflation d’investissements et de salaires que ce nouveau cycle va déclencher faisant peser un poids accru sur nos clubs professionnels, mais aussi, par capillarité, sur les clubs de Nationale ou de Fédérale. 

Cette financiarisation sans fin du rugby est le cœur de la stratégie de l’actuelle gouvernance de la FFR tant chez les professionnels que chez les amateurs, avec les mêmes méthodes, les mêmes attentes et les mêmes résultats. Depuis 5 ans, avec une obstination assez remarquable, l’actuelle gouvernance lance le rugby amateur dans une spirale folle vers le professionnalisme, faisant fi non seulement de la santé financière des clubs mais aussi de l’âme de notre rugby.

  • La réforme des championnats qui s’annonce en National ou en Fédéral, incite les clubs à consacrer une part croissante de leur budget aux équipes premières, au détriment de la formation ou de l’actions dans le scolaire. Les budgets s’envolent avec tous les ans des croissances à deux chiffres. Partout on dépense l’argent qu’on n’a plus pour des rêves de gloire.
  • Dans le même temps les équipes cadettes, cadets ou juniors fondent comme neige au soleil. 
  • Dans le même temps les clubs territoriaux sont sacrifiés avec moitié moins de titres de championnat de France à glaner et autant d’aventures humaines collectives dont ils se retrouvent privés.  

Le rugby des villages et des petites villes se meurt écrasé par une course financière à l’échalote mortifère et l’absence d’intérêt qu’on lui porte. Cette évolution sans contrôle et sans limite du rugby amateur est menée à l’identique de celle du Tournoi des 6 ou 7 Nations. Avec de l’argent que la Fédération n’a pas, d’une part, et en en masquant les effets pervers le plus longtemps possible. 

Contrairement à ce que la FFR a tenté de faire croire CVC n’est pas un mécène, mais bien un investisseur dont le but est de rentabiliser son investissement le plus vite possible. Et contrairement à ce que la Fédération a tenté de faire croire, CVC aura bien la mainmise sur les entrants et les sortants parmi les Nations participant au Tournoi. Qui paie décide, nous l’avions prédit et allons le constater à nos dépens.

Les attentes de l’actuelle gouvernance ?
Faire du rugby non plus la culture, le lien éducatif et social, ou le creuset d’intégration qu’il a toujours été mais une sorte d’outil financier avec un Super Bowl annuel en ligne de mire pour un sport ultra médiatisé mais dont le maillage territorial et le rôle sociétal est oublié. Quel sera le résultat de cette stratégie nationale et internationale ? Nul ne peut le dire précisément. Sans doute le prolongement de ce que chacun constate chaque jour un peu plus : une désaffection grandissante des bénévoles en dépit d’efforts et de sacrifices quotidiens pour faire vivre leur club, la passion et l’âme du rugby. 

Un autre chemin est possible pour redonner au rugby ses lettres de noblesse et mobiliser nos bénévoles, avec des sélections puissantes et des racines profondes et solides au service de notre sport et d’un mieux vivre ensemble. Avec le collectif Ovale Ensemble, j’ai cette conviction chevillée au corps. 

Forza ! 

2 commentaires

  • jeanson claude dit :

    Bonjour

    Entièrement d’accord avec votre analyse , le rugby amateur est de plus en plus laissé pour compte , les équipes de village se meurent et la suppression des boucliers de séries sont une aberration car ces aventures humaines étaient source de souvenirs , source de joie , source de peine mais surtout permettait au » peuple des villages »de se retrouver .
    La diminution des équipes de jeunes pour la concentration dans les grands clubs suppriment également cette notion de Rugby de masse , car bien souvent les meilleurs sont des locomotives pour leurs partenaires et permettent à des joueurs de moindre qualité de s’épanouir et de trouver dans notre sport la convivialité et la fraternité qui en font l’essence .
    Comme vous l’écrivez le ruissèlement du professionnalisme sur les équipes amateurs entrainent l’inflation des budgets des équipes 1 au détriment des équipes de jeunes.

    Quant au bafouement du Tournoi des VI nations , il est dans le mépris des valeurs que nos anciens ont établis , peut on se demander à quoi sert donc une coupe du Monde si déjà la moitié des équipes mondiales sont engagées dans ce Tournoi ?

    N’étant plus dirigeant depuis une dizaine d’années après plus de 35ans de licences(joueur ou dirigeant )je ne voulais plus tomber dans cette mascarade encore plus avec le Comité Cote d’AZUR (c’était la dénomination quand j ai arrêté),me contentant d’être correspondant Midol pour l’équipe de fédérale 2 local de St Raphaël-Fréjus).

    J’espère que votre combat vous permettra de faire revenir les valeurs de notre SPORT , car nous nous ne retrouvons plus dans ces « combines ».

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