Propos recueillis par Simon Guerin – 26 août 2024 à 19:35

©LE PROGRÈS

Le vice-président de la Fédération française de rugby (FFR), Jean-Marc Lhermet, ainsi que l’un des membres du comité directeur, Jordan Roux, étaient présents samedi à Arbois pour l’inauguration de la nouvelle tribune du club de rugby. Les deux colistiers de Florian Grill, président de la FFR, sont en campagne électorale, à moins de deux mois (19 octobre) des brûlantes élections à Marcoussis. Pour Le Progrès , les deux hommes détaillent leur programme et reviennent sur les dernières affaires extra-sportives qui ont secoué le monde du rugby.

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Jean-Marc Lhermet et Jordan Roux étaient présents à Arbois pour l’inauguration de la nouvelle tribune. Photo S.G
Jean-Marc Lhermet et Jordan Roux étaient présents à Arbois pour l’inauguration de la nouvelle tribune. Photo S.G

Vous êtes ce samedi à Arbois pour inaugurer la nouvelle tribune mais également dans le cadre des élections au sein de la Fédération, qui se dérouleront dans moins de deux mois ?

Jean-Marc Lhermet : « Même hors période électorale, on essaye toujours d’aller sur le terrain et de visiter les clubs parce que le cœur du rugby bat ici. Ce sont les clubs en fédéral ou régional qui font le job de base, qui attirent les licenciés. C’est important que des personnes comme nous, qui sommes souvent au siège de la Fédération, viennent dans ces clubs-là pour sentir la façon dont ils vivent, comprendre leurs problématiques ou réussites. »

En parlant de problématiques, quelles solutions amenez-vous à ces clubs qui sont en manque de budget ou d’infrastructure ?

J-M. L. : « Aujourd’hui, on est dans un environnement difficile pour les partenaires, les collectivités. Et les clubs en pâtissent un petit peu. Nous, à la Fédération, on essaye de développer le concept de “Fédération en mission”. On considère qu’un club de rugby, et on le voit bien ici à l’US Arbois, n’est pas seulement une équipe de sport. Le rôle du club va bien au-delà de ça, que ça soit au niveau éducatif ou sociétal, pour les enfants ou les personnes avec des problématiques de santé. Nous, on essaye de proposer des choses dans le cadre de cette mission, qui va générer des soutiens financiers. Là, il y a vraiment de l’argent pour accompagner les clubs dans les dimensions sociales, sociétales. On a par exemple dégagé des fonds auprès d’Adidas, qui va aider toutes les sections féminines de France. Ici à Arbois, où la section féminine se développe, il y aura des maillots qui seront fournis. Il y a aussi tous les clubs qui font du travail au niveau des quartiers, du rugby santé, et on a aussi des moyens pour les accompagner. On a, en plus, développer des moyens pour les équipements. Il y a un plan qui est dans le cadre de l’héritage de la Coupe du monde, qui permet d’accompagner les clubs qui veulent faire des vestiaires féminins, rénover des clubs houses. Ce n’est pas un soutien pour du gros œuvre comme cette tribune (il montre la nouvelle tribune de l’US Arbois) mais ça va être du soutien pour des aménagements, de la reconstruction. Là aussi on a dégagé un budget de cinq millions d’euros de la FFR, accompagné de cinq millions de l’ANS (Agence nationale du sport), qui peut participer à 50 % d’un investissement d’un club selon certains critères. »

Jordan Roux : « Avec le partenariat Adidas , il y a aussi la création d’une compétition pour les moins de 15 ans féminine. Les filles sont en milieu d’adolescence et ont besoin de passer du temps entre elles. L’idée c’est de développer une compétition qu’on accompagnera pour les déplacements mais aussi sur les tenues. Chaque club qui s’inscrit va recevoir shorts, chaussettes et maillots. »

Vendredi, 19 des 40 membres du Comité directeur ont signé une motion de défiance contre Florian Grill (le président de la FFR). Ils dénoncent un exercice de pouvoir trop solitaire et un manque de communication lié aux affaires extra-sportives de cet été. Quel regard portez-vous là-dessus ?

J-M. L. : « Il faut replacer ça dans le contexte. Il y a des élections au mois d’octobre et on s’aperçoit que les 19 membres qui ont signé cette motion de défiance sont des membres de l’opposition. »

Pas tous les 19…

J-M. L. : « Si, tous ( selon Sud Ouest , seulement trois membres, Anne Gallissaires, Michel Macary et Guihem Guirado sont présents sur la liste de Didier Codorniuo, l’autre candidat à la présidence de la FFR). Les précédentes élections qui datent d’il y a un an et demi ont été faites dans un contexte particulier. Nous qui représentons la nouvelle gouvernance, on est minoritaire au comité directeur, c’est ça qui est assez compliqué. C’est une instrumentalisation du contexte à des fins politiques, ce qui est une manœuvre purement politicienne et qui repose sur des mensonges. »

Comme quoi ?

J-M. L. : « Ils relient les problématiques qu’il y a pu avoir dans l’accompagnement des équipes en tournées à une réduction des staffs et à des suppressions des missions de chef de délégation de notre part. Ce n’est pas du tout le cas. On a appris ça hier (vendredi) en comité directeur et on a été surpris et gêné parce que ce comité directeur était dans l’objectif de partager autour des problématiques de cet été pour informer mais aussi apporter des solutions. Et on s’est retrouvé face à un bloc avec des objectifs contestataires et avec des perspectives électoralistes. »

J.R.   : « Il y avait deux solutions. Soit faire face, prendre nos responsabilités et répondre aux attentes sur la réorganisation des staffs et sur la reconstruction de confiance entre tous les acteurs. Ou alors fuir en démissionnant. On a préféré, même avec un genou à terre, continuer à faire face et répondre aux responsabilités qui sont les nôtres. »

J-M. L. : « En fait, les juges de paix sont les clubs. C’est la démocratie, tous les clubs auront la possibilité le 19 octobre au travers de leurs bulletins de vote de décider qui sera le futur président et le comité directeur. Par rapport à ce qu’il s’est passé cet été, on doit plutôt faire preuve de solidarité, dans l’intérêt du rugby et essayer de trouver des solutions ensemble. »

Comment comptez-vous redorer l’image du rugby qui a été noircie ces derniers temps ?

J-M. L. : « Pour répondre directement aux problématiques qu’on a connues cet été en Argentine et Afrique du Sud, il faut qu’on prenne le temps pour comprendre ce qu’il s’est passé. La problématique n’est pas seulement liée au rugby, elle est aussi sociétale. L’affaire en Argentine est sûrement consécutive à une dérive festive lié à des addictions, que ça soit l’alcool ou la drogue. C’est vrai à tous les niveaux du rugby français mais aussi dans tous les sports et dans la société. On doit se mettre sereinement autour d’une table pour apporter des solutions. On a commencé à travailler et il y aura des états généraux la semaine prochaine (cette semaine), pour rassembler les différentes parties prenantes dans cette réflexion-là. On va essayer d’avancer. Il y aura un avant et un après. Il faut absolument qu’on arrive à apporter des solutions pour que ça ne se reproduise plus jamais. »

On considère qu’un club de rugby, et on le voit bien ici à l’US Arbois, n’est pas seulement une équipe de sport

Jean-Marc Lhermet, vice-président de la FFR

Coût des travaux :   1,364 million d’euros.  Photo Simon Guerin

Nouvelle tribune et nouveaux vestiaires pour l’US Arboisienne

En compagnie de la maire d’Arbois, Valérie Depierre, et différents élus locaux, le club de l’US Arbois a inauguré samedi sa nouvelle tribune avec deux vestiaires pour les joueurs, joueuses et un pour les arbitres. « Cette année, les féminines de l’US Arbois se changeaient dans les vestiaires de l’arbitre pour ne pas être avec les garçons, quand ils jouaient en même temps. Ce n’était pas tolérable », explique Cathy Bugada, adjointe en charge, notamment, du sport et des associations. « C’est pourquoi nous avons décidé de construire de nouveaux vestiaires. »

En comptant les nouveaux bancs de touches ainsi que les barrières de sécurité autour du stade, le coût des travaux s’est élevé à 1,364 million d’euros.

Eli

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